Disparition: le journaliste Philippe Labro est décédé

Publié le 4 juin 2025 par: Être Heureux
Sa plume fut précise, son regard toujours en alerte, et sa voix, celle d’un homme qui n’a jamais cessé d’interroger le monde.
Ce mercredi 4 juin 2025, Philippe Labro, géant des médias, romancier, cinéaste et homme de lettres, s’est éteint à l’âge de 88 ans, emporté par un cancer. RTL, sa maison de cœur, a annoncé la nouvelle avec une émotion palpable. Philippe Labro aura marqué de son empreinte l’histoire de la radio française, en dirigeant RTL pendant quinze ans, de 1985 à 2000, aux côtés de Jacques Rigaud. Sous sa houlette, la station a connu une période faste, tant en termes d’audience que de rayonnement éditorial. « C’était un homme de contenu, de transmission, de culture », a rappelé Hervé Beroud, directeur de l’information du groupe M6-RTL. Il aura « porté » RTL avec exigence et passion, en faisant une référence dans le paysage radiophonique français.
Le rêve américain comme boussole
Philippe Labro, c’était aussi un regard singulier sur l’Amérique, pays dont il était tombé amoureux à l’adolescence, lorsqu’il y étudia à l’université de Lexington, en Virginie. Cette « terre promise » devint pour lui une grille de lecture du monde, qu’il n’a cessé d’explorer à travers ses reportages, ses romans et ses analyses politiques. Très critique envers Donald Trump, qu’il jugeait « obscène, vulgaire, provocateur », Labro dénonçait avec lucidité les fractures sociales que ce dernier exploitait habilement, et qu’il comparait volontiers aux « gilets jaunes américains ».
Témoin de l’Histoire, chroniqueur infatigable
Envoyé à Dallas pour couvrir l’assassinat de Kennedy en 1963, il affirmait avoir vu de ses yeux Lee Harvey Oswald, quelques instants avant qu’il ne soit abattu. Cette scène l’a profondément marqué et résume l’essence de sa carrière : un œil toujours au bon endroit, un stylo jamais loin de la vérité. De Cinq colonnes à la Une à Ombres et Lumière, ses émissions furent autant de miroirs tendus à la société française. Il fut aussi l’un des artisans de la chaîne Direct 8 en 2005, aux côtés de Vincent Bolloré, participant activement à la mutation du paysage télévisuel.
Cinéma, littérature et quête d’absolu
Sept longs-métrages, une vingtaine de livres, une carrière de parolier (notamment pour Johnny Hallyday) : Philippe Labro aura touché à tout, avec une même soif de création et de reconnaissance. Parmi ses romans les plus remarqués, L’Étudiant étranger, couronné du prix Interallié, ou Tomber sept fois, se relever huit, où il abordait avec courage sa lutte contre la dépression, montrant ainsi que l’élégance intellectuelle n’excluait pas la vulnérabilité humaine.
Une curiosité éclectique et insatiable
Philippe Labro était un touche-à-tout passionné, amateur de basket (fidèle supporter des Dallas Mavericks), fan de café glacé, mais aussi homme engagé dans le dialogue transatlantique. Il présidait depuis dix ans le jury du Translation Prize de la French-American Foundation, où il militait activement pour le pont culturel entre les États-Unis et la France. Selon ses proches, sa curiosité, parfois interprétée comme de l’impatience, cachait une sensibilité extrême, un besoin d’apprendre et de séduire sans relâche.