Procès Jubillar : la justice fait appel à « la reine des preuves » pour 450.000€ afin de boucler l’affaire, une somme « parfaitement justifiée »

Publié le 21 octobre 2025 par: Être Heureux
Quatre ans après la disparition mystérieuse de Delphine Jubillar, l’affaire continue de hanter les esprits et de diviser l’opinion.
Entre larmes, doutes et rebondissements judiciaires, le procès de son mari Cédric se déroule dans une atmosphère d’une intensité rare. Si la France semble persuadée d’un féminicide, les zones d’ombre demeurent nombreuses, et la vérité, elle, reste enfouie quelque part entre Albi et Cagnac-les-Mines.
Tout commence dans la nuit du 15 au 16 décembre 2020. Delphine Jubillar, infirmière et mère de deux enfants, disparaît sans laisser la moindre trace. Son mari, Cédric, plaquiste de métier, alerte la gendarmerie au petit matin. Rapidement, les soupçons se resserrent autour de lui. Des cris, une dispute, un climat conjugal tendu : les témoignages s’accumulent. Leur fils aîné, Louis, alors âgé de sept ans, se souvient encore de cette soirée houleuse. Aujourd’hui adolescent, il affirme sans détour devant les juges qu’il est persuadé de la culpabilité de son père.
Mais cette conviction, si forte soit-elle, ne repose sur aucune preuve matérielle irréfutable. Contrairement à Jonathann Daval, qui avait fini par avouer le meurtre de son épouse Alexia, Cédric Jubillar nie obstinément les faits. Ni aveux, ni corps, ni traces ADN : les éléments tangibles font défaut, et c’est précisément ce qui rend cette affaire si insaisissable.
Un dossier hors norme et un coût d’enquête colossal
Pour tenter d’éclaircir cette énigme, les enquêteurs ont mobilisé des moyens considérables. Pas moins de 450 000 euros ont été débloqués pour financer les expertises scientifiques, soit près de quinze fois le budget d’une enquête criminelle classique. À ce prix, la “reine des preuves” – l’ADN – a été convoquée à la barre. Analyses génétiques de vêtements, prélèvements dans la maison, étude de la voiture, du téléphone et même de la condensation sur les vitres : rien n’a été laissé au hasard.
Un expert judiciaire confie à La Dépêche que “le coût peut sembler exorbitant, mais il est justifié dès qu’on multiplie les analyses de haut niveau.” À titre de comparaison, l’enquête sur l’explosion d’AZF à Toulouse avait coûté plus de 1,5 million d’euros. La somme allouée à l’affaire Jubillar, bien qu’impressionnante, reste donc dans les standards d’un dossier aussi complexe.
L’ADN, une arme scientifique, mais pas une vérité absolue
Malgré la puissance de la science, l’ADN n’a pas permis de lever le mystère. Les traces recueillies sont trop fragmentées, trop ambiguës, pour incriminer formellement qui que ce soit. Un expert le résume avec lucidité : “On est sur le haut du spectre des recherches, mais sans échantillon fiable, l’ADN reste muet.” Ce silence scientifique est d’autant plus frustrant que le dossier repose presque entièrement sur des hypothèses.
Les magistrats ont pourtant tout tenté : fouilles avec sonars, spéléologues pour explorer les puits du Tarn, analyses de sols et d’eaux souterraines, vérification des téléphones portables, reconstitution des trajets. Chaque piste semble se heurter à un mur d’invisibilité.
Un procès sous haute tension
Devant les assises du Tarn, le procès de Cédric Jubillar se déroule dans une atmosphère électrique. Les témoins défilent, les experts s’affrontent, les émotions débordent. Le public, partagé entre compassion et suspicion, suit l’affaire comme un feuilleton national. Les enfants, désormais placés sous protection, restent au cœur du drame, symboles d’une famille brisée à jamais.
Pour l’accusation, le mobile paraît clair : jalousie, rancœur, séparation difficile. Pour la défense, le doute doit profiter à l’accusé : “Pas de corps, pas de crime”, plaide son avocat. C’est tout le dilemme de cette affaire : entre certitudes morales et preuves scientifiques, la frontière reste fragile.