Essonne : Un enfant de 20 mois renvoyé de la crèche à cause de son comportement, les parents indignés

Publié le 2 juillet 2025 par: Être Heureux
À Saint-Michel-sur-Orge, une affaire met en lumière les tensions croissantes entre structures d’accueil de la petite enfance, enfants à besoins spécifiques et parents en quête de compréhension. La non-reconduction du contrat d’un enfant de 20 mois pour des raisons comportementales ravive le débat sur l’inclusion, la sécurité et les limites du système d’accueil collectif.
Mory, 20 mois, ne retournera pas dans sa microcrèche à la rentrée. La direction de l’établissement privé, situé à Saint-Michel-sur-Orge (Essonne), a décidé de ne pas renouveler son contrat, estimant que son comportement pose problème. L’enfant, selon les professionnels, aurait tendance à jeter des objets lourds et à ne pas s’entendre avec les plus jeunes, provoquant des situations jugées dangereuses.
Face à cette décision, Anaïs, la mère de Mory, se dit révoltée. Pour elle, il ne s’agit ni plus ni moins que d’une forme de rejet injustifiée, voire de « maltraitance psychologique ». Elle décrit son fils comme un enfant « vif » et « espiègle », certes maladroit comme tant d’autres à cet âge, mais pas agressif au point d’être exclu d’un cadre collectif. Anaïs envisage de déposer plainte, dénonçant une stigmatisation précoce et une décision sans fondement médical.
Une crèche qui dit avoir tout tenté
De son côté, la microcrèche affirme avoir pris cette décision en dernier recours. Les professionnels de la petite enfance évoquent diverses tentatives pour favoriser l’intégration de Mory, des ajustements dans les pratiques pédagogiques, ainsi que des échanges avec la mère pour alerter sur les difficultés rencontrées. Faute d’évolution, un signalement a été adressé à la protection maternelle et infantile (PMI), afin d’ouvrir un suivi plus approprié pour l’enfant et sa famille.
La structure souligne aussi le caractère collectif de l’accueil, qui suppose un équilibre entre les besoins individuels et la sécurité de l’ensemble des enfants présents. La crèche se dit dépassée par la situation, et sans solution adaptée en interne, elle estime plus responsable de ne pas reconduire l’accueil.
Une situation complexe qui divise les parents
L’affaire dépasse le simple désaccord entre une famille et une crèche. Elle résonne aussi chez d’autres parents, pris entre empathie et inquiétude. Sur les ondes d’Europe 1 dans l’émission Estelle Midi, un auditeur, Philippe, a partagé son expérience personnelle, évoquant un autre enfant présentant des troubles similaires dans la crèche de sa fille. « Il l’a mordue plusieurs fois, une fois près de l’œil. On a eu peur qu’elle soit blessée gravement », a-t-il raconté, visiblement encore marqué par l’épisode.
Tout en se disant compatissant envers Anaïs et son fils, Philippe comprend la décision d’éviction prise par la crèche de Saint-Michel-sur-Orge. « C’est très dur de savoir qu’un enfant souffre, mais c’est aussi très difficile pour les autres familles. » Pour lui, la sécurité physique et psychologique de tous les enfants accueillis doit rester une priorité, quitte à exclure ponctuellement un enfant qui représente un danger, malgré lui.
Une question de fond : l’inclusion des enfants à besoins particuliers
Cette affaire met en lumière les limites actuelles du système d’accueil collectif en France face aux jeunes enfants présentant des comportements atypiques ou des troubles du développement non encore diagnostiqués. À 20 mois, les différences de développement sont immenses d’un enfant à l’autre, et les crèches ne disposent pas toujours des moyens humains ou de l’expertise pour gérer certaines situations.
L’Odas, la CNAF ou l’UNAF rappellent régulièrement que le personnel de crèche n’est pas formé pour prendre en charge des enfants présentant potentiellement des troubles neurodéveloppementaux sans accompagnement spécialisé. Pour les familles concernées, le parcours vers un diagnostic puis un accompagnement adapté est souvent long et semé d’embûches, créant un flou entre ce qui relève du « caractère » et ce qui relève d’un besoin médical.
Un besoin urgent de structures intermédiaires
Dans cette affaire, le signalement à la PMI pourrait permettre à Mory et à sa famille de bénéficier d’un suivi adapté, notamment dans un centre d’action médico-sociale précoce (CAMSP). Mais la rareté des places et les délais d’attente dans ces structures freinent souvent les prises en charge. Entre-temps, les familles se retrouvent souvent seules, oscillant entre culpabilité, isolement et colère, tandis que les structures d’accueil peinent à contenir des situations qu’elles n’ont pas les moyens de gérer sereinement.